Pratiques et discours du développement durable - Groupe d’approche interdisciplinaire des questions environnementales

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CR de la séance du 25 janvier 2008

Dernière mise à jour le 6 février 2008.

Introduction par Stéphane Frioux

Faut-il chercher des sources chronologiques de la protection de l’environnement ?

Quelques exemples de repères fondamentaux :
- ordonnance de Colbert concernant les Eaux et Forêts (1669)
- Restauration des terrains de montagne ou RTM (IInd Empire)
- création du parc deYellowstone (1872)
- XIXe s = Révolution Industrielle et ses corollaires sur l’environnement et les réactions sociales. Ex. en Limousin, les congrès de l’Arbre et de l’Eau, organisés par des notables cherchant à reboiser des pans de montagne limousine. (Photos actuelle / ancien point de vue)

Stéphane Héritier, Université Jean Monnet de St Etienne. « Les parcs nationaux du Canada : l’évolution des enjeux depuis 1885 »

L’angle d’attaque est institutionnel et sociétal. S. Héritier fonde ses recherches sur le réseau de 43 parcs nationaux fédéraux, 2,27% du territoire canadien soit 225 000 km². Ces espaces attirent 15M visiteurs / an. [NB cas particulier du Québec où il y a des « parcs nationaux du Québec » anciennement « parcs provinciaux », dépendant d’un gouvernement provincial et non fédéral] L’objectif des années 70 était de constituer un parc par écosystème représentatif. Les parcs du réseau ne sont pas reliés par des corridors écologiques. Ils sont gérés par l’agence Parc Canada, institution relativement autonome dans sa gestion mais dépendant du pouvoir fédéral. En termes d’occupation de l’espace on note une logique de dispersion importante des espaces protégés et en même temps la concentration de la fréquentation dans le temps (saison estivale) et dans l’espace. Ce qui s’explique par le caractère récent du peuplement.

1. Constitution du territoire canadien

 Ad maris usque ad mare. 1867 : Acte de l’Amérique du Nord britannique. On a 4 blocs territoriaux apparaissent : Newfoundland, Rupert’s Land, North-Western Territory, British Columbia. Le Canada est alors un dominion ; celui-ci s’entend avec la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui vend à la couronne britannique des territoires qu’elle utilisait (au NE). 1871 = entente entre le gouverneur britannique de la colonie pour que la Colombie britannique soit intégrée au dominion. Le Canada est un pays « imaginé » avant que d’être réalisé ; il y a très peu d’éléments d’ancrage de peuplement européen entre l’est et l’ouest. Le reste du territoire est occupé par les autochtones, les Européens disposent de quelques comptoirs de traite, dans un espace non maîtrisé.  Comment marquer la présence d’un Etat fédéral ? En 1871, la Colombie britannique demande une route carrossable ouest-est. Le président Mac Donald accorde une voie ferrée. Celle-ci va être véritablement un axe structurant qui permet d’assurer la conquête territoriale et sa colonisation en vue du peuplement. Dans ce contexte on a la création des premières réserves (futurs parcs) qui font partie de la conquête territoriale. Avec le National Park Act (1930), des « parcs sont dédiés au peuple du Canada pour leur bénéfice, leur éducation et leur satisfaction ».

S. Héritier veut discuter une proposition du philosophe François Ost : nature-objet, nature-sujet, nature-projet. Dans un premier temps la nature serait objet de ressources ; dans un 2e temps apparaîtraient des revendications où la nature se caractérise par une éthique, enfin dans un 3e temps (post 1970), il s’opèrerait une synthèse : nature à la fois objet et sujet, servant de fondement sociétal.

2. Des réserves aux parcs nationaux

 Contrôler le territoire Les guerres indiennes et incursions étasuniennes ont expliqué la nécessité de contrôler le territoire.
- Acteurs : Compagnies ferroviaires (ex. Canadian Pacific Railway ou CPR)
- Localisation : territoires de l’ouest Les premiers colons puisent dans les ressources animales : ex. une photo de « murs » d’os de bisons, victimes de chasses intensives. Les carcasses sont broyées et utilisées pour fertiliser les sols dans l’Ouest. Dans les montagnes, le long de la voie ferrée, entre 1885-86, sont constituées des réserves demandées par la CPR et accordées par Mac Donald.
- La 1ère réserve : 1885, Banff Hot Springs reservation Lors de l’établissement de la voie ferrée, des employés découvrent des sources chaudes sur les flancs du futur « Mont Sulfure ». Ils veulent réclamer une concession, mais leur compagnie les en empêche. L’Etat fédéral décide d’en faire une station thermale publique, un peu à l’image de ce qui se fait en Europe. L’exploitation des sources revient à la compagnie ferroviaire qui fait construire des hôtels. Puis une 2nde réserve est créée dans les Rocheuses, elle sera à la base du Parc National des Glaciers. Donc cette voie ferrée est point d’ancrage des réserves qui deviendront des parcs nationaux.

 Fixer les limites Par moins de 9 changements de limites pour le Parc National des lacs Waterton, avec des changements de superficie considérable...

3. Usage des ressources vs protection

Le concept canadien de protection de la nature n’exclut pas la mise en valeur de l’intérieur des réserves, essentiellement dans une logique de gestionnaire forestier. Les forêts peuvent être coupées, puisqu’elles repoussent !

 L’exploitation des ressources Elle est liée à l’idée de développement économique national, de « nature utile ». Il y a une exploitation des ressources minières, forestières, paysagères. Le potentiel est énorme potentiel, réservoir de ressources, bois, force hydraulique... l’essentiel de l’activité des ports est d’exporter le bois vers l’Angleterre. On fonctionne de façon utilitariste : il faut exploiter les ressources minières. Bankhead, une mine de charbon à l’intérieur d’un parc, cesse son activité en 1905, bâtiments déconstruits servent de cœur au village de Banff. On construit aussi des barrages, en plus de l’exploitation forestière. Donc on délimite des espaces pour protéger des ressources utiles à la nation. Mais il y a aussi une mise en garde contre les abus.

 Une nature à la fois terrain de jeu et projet national. Le thermalisme est alors une activité récréative plus que curative. La pêche est également une activité très pratiquée.

Ex. tableau Lawren Harris, Maligne Lake. Le Groupe des Sept regroupe des peintres anglais ou écossais immigrés au Canada, qui cherchent à se démarquer du romantisme. Le projet est d’aboutir à un art complètement canadien. Emilie Carre représente les forêts de l’ouest, de la Colombie britannique. Dans son œuvre il y a une prégnance de la forêt, et lorsqu’elle rencontre le groupe des Sept sa façon de représenter la nature change complètement (lumière et non plus angoisse). L’idée de ce mouvement est de représenter l’âme canadienne, sa puissance chtonienne, sa simplicité, sa rusticité. Les formes très épurées figurent une nature originale. Ces peintres se fondent sur des héritages mixtes : le transcendantalisme américain absorbé par la conception canadienne. L’identité de l’individu est fondée sur un rapport à la nature. Il y a l’idée d’expérience de la nature, wilderness experience. Ce qui signifie une expérience fondatrice, une notion teintée de spiritualité, par la confrontation personnelle à la nature grâce à laquelle on a la possibilité d’identifier le divin qui réside en miroir dans l’individu.

L’idée de protection et de conservation implique plusieurs penseurs : Pinchot, Sifton / Muir, Harkin ; Land ethic (Aldo Leopold). La nature est donc au fondement de l’identité canadienne. On a une conception de l’environnement polymorphe, nature objet, sujet et projet en même temps, ceci à cause du profil démographique et de l’intégration des populations autochtones.

4. Le tournant des années 1960

Jusqu’au années 1950, la notion de protection est fondée sur l’utilitarisme environnemental. Dans les années 1960 les regards évoluent. Ex. Parc Banff « musée vivant de la nature » d’après un panneau accueillant les visiteurs. Un renouveau environnemental s’opère alors, avec des figures charismatiques, à l’image de Grey Owl. C’est un Anglais, Archibald Belaney, qui quitte sa patrie pour le Canada, et devient un personnage haut en couleur en faisant croire qu’il est le fruit d’un mariage mixte. Il multiplie les conférences en Angleterre en diffusant le mythe de l’Indien environnementaliste. Il est chargé d’une série de programme de réintroduction d’espèces, comme le castor. A sa mort on découvre sa véritable identité, ses travaux sont boudés pendant une dizaine d’années... L’intéressant, c’est qu’il synthétise deux conceptions, écologie contemporaine et une conception où Européens et autochtones doivent s’allier pour gérer la protection de la nature. Les années 60 voient aussi la croissance exponentielle du tourisme, et avec elle l’altération des sentiers, la dégradation des berges des cours d’eau et lacs, le remplacement d’espèces animales.

5. Vers un projet environnemental global.

 Le renforcement législatif Un projet environnemental global est instauré autour des Parcs Nationaux, alors que la doctrine de l’utilité des ressources naturelles est remplacée par un discours d’écologie politique où l’humain est une menace, un discours de la dégradation qui appelle une réaction de l’Etat. A l’intérieur du système PN, on a un renforcement de la législation de protection. A l’extérieur, une accélération législative, tous les champs environnementaux sont couverts par la loi. L’environnement est conçu comme un bien commun et il est nécessaire d’avoir un projet volontariste, pour faire le bilan des activités humaines et proposer des plans d’action. Le plan vert de 1991 prévoyait de faire passer 12% du territoire en PN ou aire protégée.

 Mise en cohérence du projet, intégrité et logique patrimoniale. L’intégrité patrimoniale se définit par le fait qu’un écosystème soit susceptible de disposer de la capacité à restaurer son ‘état initial’. C’est tout un champ de la politique environnementale du pays. Gros débat sur l’‘état initial’ ! La chronogénèse s’apparente à la volonté de faire une histoire de l’environnement sans dissociation entre éléments naturels et éléments humains. Comme si la nature faisait partie de l’histoire.

Donc pour le Canada on ne valide pas la succession proposée par F. Ost. Dès les premières années de création des parcs, il y eut mise en complément de l’objet et du sujet, pour servir à créer un projet national patrimonial, en lien avec l’identité canadienne. Au Canada, le rapport à l’environnement n’est pas uniforme, mais polymorphe. Un militant écologiste mais aussi un industriel exploitant des sables bitumineux pourront défendre un discours environnemental. Il n’y a pas de captation politique au profit d’un seul parti. Le rapport à l’environnement est diffus et commun. Chacun dispose d’un discours sur l’environnement. Ce n’est pas « les méchants industriels » contre « les gentils sauveurs de baleines ».

Charles-François Mathis. « L’émergence d’une pensée environnementale en Angleterre au XIXe s. »

Il s’agit de parler de « nature » et non d’animaux, et de voir comment un souci de la protection de la nature est né en Angleterre. Tous les historiens s’accordent pour trouver dans les années 1870 un essor de la conscience environnementale. Quels en sont les origines ? Problèmes de méthode =
- articulation du local au national, du singulier au pluriel  6 études de cas pour voir les différentes réactions contre des pollutions et atteintes à l’environnement.
- différents degrés de conscience collective et individuelle. On part du principe d’une absence de cohérence de la pensée humaine. L’idée de « classe » est sujette à caution, avec quelques convergences en fonction des milieux. En revanche il y a des couches profondes de conscience collective en fonction des sociétés, dans lesquelles puisent les individus. Sources = archives des associations de la protection de la nature, publications officielles, œuvres littéraires variées, presse.

 Mise en place du mouvement au cours du XIXe siècle Pour que naisse un souci environnemental, il faut que certains espaces aient acquis une valeur particulière, et qu’une menace pèse sur eux.

Durant la 2nde moitié du XVIIIe s apparaît une meilleure connaissance de la nature anglaise, via le développement du tourisme. La nature devient objet d’étude et admiration. La peinture joue un rôle essentiel. Il y a une double affirmation, artistique (on veut donner à la peinture de paysages ses lettres de noblesse) et nationale (art anglais). Le terme « pittoresque » vient alors désigner un paysage typiquement anglais ; le mouvement s’accompagne donc d’une forme de patriotisme. Une région se détache dans cette construction, la région des Lacs, comme définition du paysage anglais typique. On apprécie de plus en plus des paysages autrefois méprisés (landes), ce qui va de pair avec une régionalisation des goûts. Tout cela joue en même temps que le mouvement d’urbanisation et d’industrialisation, en parallèle avec l’essor des classes moyennes.

Dans les années 1830-1840, on se rend compte que la Révolution Industrielle est un phénomène pérenne, qui bouleverse tout, une menace. L’industrie n’est plus représentée dans la peinture. C’est là qu’émerge d’un souci de l’environnement. W. Wordsworth, poète romantique anglais très apprécié, contribue à diffuser l’identité de la Région des Lacs. Il publie un guide pour apprendre aux Anglais à apprécier la nature autour de la région des Lacs et s’emploie à éloigner le péril de la construction d’une ligne de chemin de fer.

Les décennies 1830-1860 sont celles des théories et premières expérimentations, dans un bouillonnement d’idées environnementale. L’approche « sentimentale » conjugue valeur esthétique, valeur nationale et transcendance. Les premiers mouvements de défense se font autour des villes, avec la question de la protection des. On a aussi la création de communautés utopiques pour vivre entre ville et campagne. Ce foisonnement, et cet amateurisme persistent jusqu’aux années 1860. Ensuite, apparaît une professionnalisation. Ex CPS Société de Protection des Communaux autour de Londres, avec notamment des avocats, implantée près du Parlement à Londres, pour optimiser le lobbying. A partir du milieu des années 1870, le mouvement environnemental anglais est en plein essor. La CPS remporte protection d’une forêt près de Londres, que vient ouvrir au public la reine Victoria elle-même.

 L’affaire de Thirlmere, révélatrice des enjeux et forces en présence

Dans la région des Lacs : la municipalité de Manchester veut transformer le lac de Thirlmere, un des plus beaux, en réservoir d’eau potable pour la ville. C’est là un moment central dans le cadre de la constitution du mouvement environnemental. Il n’est pas question de laisser le symbole de l’industrialisation mettre la main sur le lac. Deux tendances se dessinent. Les utilitaristes sont les plus pragmatiques, ceux qui soutiennent que la puissance de l’Angleterre s’appuyant sur l’industrie, il ne faut pas la contrarier. Les sentimentalistes expriment un sentiment de la beauté de la nature. Il font preuve d’une conscience aiguë de la possibilité d’une disparition des espaces verts sous la pression urbaine, d’où la volonté de protéger ces espaces au nom de la nation, suivant le principe de précaution. Un comité est mis en place au Parlement pour connaître la sensibilité de chacun. Finalement, Manchester a droit de faire construire son réservoir, à condition de préserver les lieux et d’en laisser l’accès au public. La ville finit pas s’appuyer sur les arguments environnementaux : pour faire boire la population, il faut une eau pure, donc de toute façon le lac sera protégé !

Une dynamique de patrimonialisation des espaces naturels s’amorce. Certains édiles de Manchester parlent de « redonner l’aspect originel » au lac de Thirlmere. Les sentimentalistes répondent que la patine de l’histoire a donné son profil au lac, et que tout le monde l’aime comme ça. On voit bien s’opérer une conjonction entre monuments historiques et naturels.

Se multiplient les sociétés de défense de la nature. Ex la Kyrle Society a pour but d’apporter de la beauté naturelle aux habitants de Londres, en transformant des cimetières désaffectés en jardins publics. Il y a aussi une association pour les jardins publics de la métropole. La Selborne Society (1886) s’efforce de propager par l’enseignement l’amour de la nature et les théories environnementale. La SCAPA veut limiter les abus de la publicité, notamment sur les lieux naturels patrimonialisés comme les falaises de Douvres. W. Morris crée au même moment une Société pour la Défense des Monuments historiques.

En 1894 ces associations se fédèrent et apparaît le National Trust for national historical places & natural beauty. C’est une immense association environnementale, sensée rassembler les initiatives pour éviter la dispersion du discours environnemental. Une des pôles de résistances, porté par la Société de protection des communaux, finit par disparaître au profit d’une tendance politiquement correcte à la coordination. Les mouvements de lutte contre la pollution connaissaient une stagnation dans les années 1870. Dans les années 1880, on note un rapprochement entre les deux mouvements. Les contemporains se rendent compte que la pollution n’épargne rien, pas même la région des Lacs. Donc la sectorisation des actions patrimoniales est remise en cause. On crée une Association anti-fog.

Pour le dernier tiers du XIXe s, le succès du mouvement environnemental n’exclut pas que le public demande des éclaircissements. Il faut en clarifier les objectifs, les moyens. Le mouvement n’est pas exempt de contradictions :
- type de protection (pour ou contre action anthropique sur l’environnement ?) : ultra sentimentaux vs pragmatiques
- appréciation des paysages naturels : goût inné ou pas ? Il faut s’adresser aux enfants et aux ouvriers, les deux catégories concernées (cours du soir pour ouvriers, séjours et vacances pour enfants, livres pour enfants)
- lieux à préserver pour le peuple ou du peuple ? La fréquentation massive de certains endroits pose problème
- type d’avenir à offrir à l’Angleterre, entre réformistes et utopistes. Ceux qui veulent une correction / ceux qui veulent un retour en arrière. Même distinction qu’au sein du parti socialiste entre les marxistes qui se dissocient de l’environnementalisme, et les sentimentaux (W.Morris) qui veulent y associer la protection de la nature.

Parallèlement émerge un débat sur l’affaiblissement des forces vitales de l’Angleterre, ne serait-elle composée que de mauviettes refusant l’industrialisation ?

 Structure du mouvement environnementaliste ; une typologie des acteurs

Inspirateurs : ex.Wordsworth, Ruskin, Morris Meneurs : ex. les trois fondateurs du National Trust (Rawnsley, O. Hill, R. Hunter) etc. Chevilles ouvrières et sympathisants. On adhère au mouvement par les liens familiaux, amicaux et de voisinage. Ex. réseau O. Hill. Il s’agit surtout de classes moyennes et supérieures. D’un côté, des associations comme la CPS sont très masculines et très politisées. De l’autre côté du spectre, la Selborn Sty est plus féminine, « sentimentale » et encadrée par hommes d’Eglise. Le Ntional Trust fait figure de juste milieu. Du point de vue du religieux : beaucoup des environnementalistes sont des non-conformistes ou des gens qui s’interrogent sur leur foi. Il y a des tensions, des lignes de fracture, mais comme les composantes veulent donner une impression d’unité, on ne peut que lire entre les lignes. Le sentimentalisme pose problème, doit on écrire « quand vous coupez l’herbe, l’herbe souffre »... Au-delà, il y a une véritable volonté de créer une complémentarité entre les différentes associations. Utopistes Non organisés en association, grandes figures charismatiques. J. Ruskin, W. Morris

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